Vestige de troll des neiges
Terre du Milieu.
Dans les confins glacés du nord, là où les vents de Forodwaith soufflent sans répit et où nul feu ne réchauffe la pierre et où la nuit d'hiver dure des lunes entières, rôdaient les Trolls des Neiges, engendrés dans les ténèbres glacées du Premier Âge du Monde. On disait qu'ils étaient plus anciens que la langue des Hommes du Nord, modelés par les maux de Morgoth avant que la lumière du Soleil ne touche les montagnes de glace. Leur peau était dure comme le roc gelé, leurs yeux luisaient d'un éclat blême sous la lune, et leur souffle seul suffisait à faire givrer les ruisseaux.
Ces créatures évitaient la clarté du jour, car, comme tous les trolls, la lumière du Soleil les changeait en pierre. Ainsi, au Troisième Âge, dans les ravins glacés et les cavernes profondes, subsistent encore les vestiges de leur race, silhouettes pétrifiées, grotesques et terribles, figées dans un cri muet. Sous la morsure du froid, leur chair de pierre se couvre de givre, et la fonte du printemps laisse parfois deviner leurs traits effacés : des gueules béantes, des fronts lourds, des crocs brisés par le temps. On dit que ceux que le soleil surprit furent changés non en roche grise, mais en glace éternelle, tant le froid du nord était puissant dans leurs veines.
Certains voyageurs ont rapporté avoir vu, à la lisière des Montagnes Grises (Ered Mithrin), ces formes cristallines dressées parmi les congères, comme si la montagne elle-même avait sculpté leurs tombes. Et les conteurs du Nord murmurent que, lorsque le vent se lève et hurle dans les gorges, on entend le râle des anciens trolls cherchant à briser leur prison de glace.