Vallon de Dimrill Dale (Nanduhirion)
Terre du Milieu.
Au Troisième Âge du Monde, sous les hautes cimes de la Moria, entre les neiges du Caradhras et les ombres du Celebdil, s'ouvrait le Vallon de Dimrill Dale, que les Elfes nommaient Nanduhirion, « la vallée du ruisseau scintillant ». C'était un lieu de clarté et de mémoire, où la lumière du Soleil, même voilée d'hiver, se répandait en flots d'or sur les pentes enneigées. Les forêts, mêlant pins sombres et hêtres nus, s'étendaient jusqu'au pied des montagnes, et leurs branches, couvertes de givre, étincelaient comme des gemmes aux premières lueurs du jour.
Dans le silence des hauteurs, on n'entendait que le souffle du vent et le murmure du ruisseau du Lac du Miroir (Mirromere, Kheled‑zâram), dont les eaux naissaient là, pures et froides, avant de s'étendre en un lac tranquille. Ce lac, les Nains de Khazad-dûm le vénéraient comme un miroir sacré, car il reflétait non seulement les montagnes, mais les profondeurs mêmes du monde, où luisait encore, disait-on, l'écho des premières lumières d'Arda. Les Elfes, eux, y voyaient un lieu de passage, un seuil entre le souvenir et le chant, et ils y marchaient en silence, comme sur une terre bénie.
À l'aube, la vallée semblait d'argent, et chaque arbre, chaque pierre, respirait la fraîcheur des anciens temps. Mais quand le soir tombait, les brumes descendaient des cimes et le vallon s'emplissait d'un feu pâle venu du couchant, baignant les pentes dans une lumière d'ambre et de neige fondue. Alors, les ombres s'allongeaient sur les sentiers oubliés, et les monts eux-mêmes semblaient retenir leur souffle.
C'est en ce lieu que bien des destins furent scellés, car le sang des peuples libres y coula jadis, et les cris des batailles résonnent encore, portés par les vents du soir. Pourtant, malgré les guerres et le passage des âges, le Vallon de Dimrill Dale demeure tel qu'il fut : un havre de beauté austère, où la mort et la lumière se mêlent, et où le monde semble, l'espace d'un instant, suspendu entre le souvenir et l'éternité.
