Dimrill Dale
Terre du Milieu.
Au Troisième Âge du Monde, des hauteurs du Dimrill, là où les neiges ne fondent jamais tout à fait, s'écoule le Cours Argentine, un ruisseau clair qui dévale les pentes en chantant sous la glace. Ses eaux naissent dans les vallons secrets des montagnes, parmi les pins tordus et les rochers noircis par le givre. Elles s'unissent aux torrents plus profonds qui descendent des cols cachés, puis se rassemblent pour former le fleuve qui portera plus loin la lumière de la Lórien.
En ces jours d'hiver, la forêt qui borde le cours d'eau sommeille sous un voile de silence. Les branches ploient sous le poids de la neige, et les feuilles dorées des mallorn dorment mêlées à la blancheur du monde. Ici, le vent ne crie pas : il murmure entre les troncs, apportant le parfum du froid et le souvenir des hauteurs. Le Soleil, quand il paraît, effleure les cimes d'une clarté pâle, et chaque flocon suspendu dans l'air brille comme une étoile tombée du ciel.
Parfois, à travers la brume, on distingue les sentinelles des Elfes, silencieuses sur les lisières, veillant sur la frontière du Nord. Leurs manteaux se confondent avec la neige, et leurs pas ne laissent aucune trace. Ils écoutent le murmure du Cours Argentine, car ils savent que ses eaux portent encore l'écho du monde ancien, un chant qui précède la parole des Hommes.
Quand le crépuscule descend, les montagnes se couvrent d'ombres d'argent, et le cours d'eau se fige par endroits, mi-roche, mi-lumière. Alors, la Lórien semble toute entière retenir son souffle. Sous la neige, les racines patientent, et les arbres rêvent du retour du printemps, lorsque le vent d'Ouest fera frémir à nouveau les feuilles d'or.
Et dans ce silence, les sages perçoivent encore la mémoire du Premier Âge : la voix lointaine des eaux d'Aman, que le Cours Argentine, fragile et pur, porte en secret à travers les âges jusqu'au cœur de la forêt immortelle.