Val d'Anduin
Terre du Milieu.
Au Troisième Âge du Monde, entre les hautes murailles des Montagnes de Brume (Hithaeglir) à l'ouest et les sombres pentes de la Forêt Noire à l'est, s'étendait le vaste Val d'Anduin, domaine du grand fleuve. C'était une contrée de brumes et de lumières, où les matins se levaient dans un silence argenté, et où les vents portaient l'écho des monts et le parfum des forêts profondes. L'Anduin, large et clair, serpentait au cœur de ce val fertile, nourrissant les prairies et les bois de rivage, et son cours reflétait le ciel changeant comme un miroir vivant du monde.
Au printemps, la plaine se couvrait de fleurs des eaux et de saules penchés sur le courant, et l'on pouvait voir les troupeaux des Hommes des Bois venir boire au bord des gués. Leurs demeures, bâties de rondins et de pierre brute, se dressaient parmi les collines, discrètes et solides, gardant la mémoire d'un peuple ancien, allié des Elfes et ami des bêtes. Les chants de leurs foyers se mêlaient à ceux du fleuve, qui, du Nord au Sud, portait la rumeur de la vie et du passage des âges.
Plus loin vers le Nord, là où les eaux prenaient leur source entre le Langwell et le Greylin, le fleuve était jeune et vif, bondissant parmi les rochers et les pins sombres. Mais en descendant vers le Sud, il s'élargissait et devenait majestueux, traversant des marais paisibles, des îles de roseaux et des bras dormants où s'attardaient la brume et la lumière du soir. Aux heures dorées du crépuscule, le Val d'Anduin tout entier semblait s'embraser, et les reflets du ciel faisaient du fleuve une route de feu menant vers le lointain Sud.
Cependant, les sages disaient que ce pays était ancien et surveillé, car des yeux veillaient dans les ombres de la Forêt Noire, et les monts gardaient le souvenir de créatures d'autrefois. Des voyageurs égarés parlaient parfois d'une silhouette d'argent glissant sur les eaux à la tombée du jour, et les Elfes de Lórien affirmaient que les esprits du fleuve chantaient encore sous la Lune.