Terres Sauvages (Wilderlands)

Terre du Milieu.

Au Troisième Âge du Monde, entre les vastes forêts de l'Est et les monts pierreux de l'Ouest s'étendaient les Terres Sauvages, royaume sans maître et sans bornes, que ni les Rois d'antan ni les Elfes des bois n'avaient jamais vraiment dompté. C'était un pays d'herbes rousses et de collines usées, de plaines immenses où le vent errait libre, charriant les parfums du pin et de la bruyère. Aux heures du matin, la brume se levait des vallées et montait lentement, drapant le monde d'un voile d'or. Les collines se succédaient à perte de vue, et chaque crête semblait promettre un horizon nouveau.

Les rares arbres qui s'y dressaient pliaient sous la caresse du vent, tordus par les saisons et les siècles, témoins silencieux d'un temps où les grandes forêts s'étendaient encore sans fin sur la Terre du Milieu. Les ombres du soir, glissant sur l'herbe, semblaient ramener le souvenir des peuples disparus : des chasseurs des temps anciens, des Elfes errants, ou des Nains en marche vers les montagnes lointaines. Ici et là, une pierre moussue portait encore les marques d'une main oubliée, vestige d'un sanctuaire effondré ou d'une borne érodée par le vent.

Les Terres Sauvages étaient redoutées des Hommes de l'Ouest, qui les disaient hantées par les esprits des anciens jours. Mais ceux qui avaient le courage d'y marcher au crépuscule savaient qu'elles n'étaient pas hostiles, seulement vastes, muettes et empreintes d'une majesté indomptée. Les bêtes y régnaient en paix, les aigles y traçaient de larges cercles dans le ciel pâle, et les loups hurlaient parfois dans le lointain, comme pour rappeler que la Terre du Milieu n'appartenait à nul roi.

Lorsque le soleil se couchait derrière les Montagnes de Brume (Hithaeglir), tout le pays se noyait dans une lumière d'ambre et de cuivre. Les ombres des arbres s'allongeaient, et les pentes semblaient s'embraser avant de retomber dans le silence du soir. Alors, le vent seul parlait encore, murmurant parmi les herbes, porteur de récits anciens que nul homme n'a jamais écrits.

Ainsi demeuraient les Terres Sauvages, immuables et solitaires, frontières du monde civilisé et refuge de ce qui subsiste des premiers âges : une contrée de beauté farouche, où la lumière et la mémoire du monde se confondent au couchant.

Photo : Terres Sauvages (Wilderlands), Terre du Milieu.