Clairière des Beornides

Terre du Milieu.

Au Troisième Âge du Monde, au cœur du Val d'Anduin, entre les premiers contreforts des Montagnes de Brume et les forêts profondes de Mirkwood, s'ouvrait une vaste clairière baignée de lumière dorée : le domaine des Beornides. À l'automne, lorsque les vents du Nord se faisaient plus frais et que les forêts s'embrasaient de rouge et d'ambre, cette clairière semblait respirer une paix ancienne, comme si la terre elle-même y goûtait un repos avant l'hiver.

Les herbes hautes y ondoient sous la brise, et les pommiers ploient sous le poids de leurs fruits tardifs. Des abeilles, innombrables, bourdonnent encore autour des ruches tressées, transportant dans la lumière oblique la dernière douceur du miel de la saison. L'air sent la résine et la paille chaude, mêlées au parfum du bois fraîchement coupé. Çà et là, des maisons de bois s'élèvent, aux toits d'ardoise sombre, solides comme les montagnes, bâties par des mains humaines, mais selon une sagesse qui paraît plus ancienne.

Au centre, non loin du grand chêne dont les branches couvrent la moitié du ciel, s'étend la maison de Beorn : ouverte aux vents et pourtant tranquille, gardée par des bêtes apprivoisées. Les chevaux paissent librement dans les prés, les chiens dorment près du seuil, et des ours, venus des montagnes, rôdent sans crainte parmi les hommes. Car ici nul ne chasse sans nécessité, et nul ne répand le sang sans cause. Les Beornides vivent dans la mesure et la force, fidèles aux lois simples de leur maître disparu, dont l'esprit, dit-on, veille encore sur les collines.

Quand le soir tombe, un feu clair brille dans la grande halle, et la fumée s'élève dans l'air froid, se mêlant aux brumes de la rivière. Alors, les voix des hommes montent en chœur, des chants graves et lents, qui parlent de la neige, des bêtes et des saisons. Et dans la nuit qui descend, la clairière s'endort, dorée de lumière et d'ombre, tandis que les montagnes lointaines se couvrent de givre et que le fleuve murmure à travers les prairies.

On dit que, lorsque l'hiver revient, la clairière s'ensevelit sous la neige, mais qu'aucune tempête ne l'éteint jamais tout à fait. Toujours il demeure, au cœur du Val, cette paix rustique — forte, fière et bienveillante —, souvenir du temps où Beorn lui-même parcourait la terre, entre l'homme et la bête, sous les étoiles du Troisième Âge.

Photo : Clairière des Beornides, Terre du Milieu.