Lac Evendim (Nenuial)
Terre du Milieu.
Aux jours du Deuxième Âge, lorsque les Dúnedain de Númenor revinrent sur les rivages de la Terre du Milieu, ils trouvèrent dans le Nord un pays de collines et d'eaux claires, baigné de lumière douce. Au cœur de ces terres s'étendait un vaste lac, tranquille et profond, que les Elfes nommaient Nenuial, « les Eaux du Crépuscule ». Car au déclin du jour, quand le Soleil se couchait derrière les Montagnes Bleues, la surface du lac s'embrasait d'une clarté dorée, et le ciel tout entier semblait s'y mirer comme dans un miroir sacré.
C'est là qu'Elendil, fils d'Amandil, vint fonder son premier royaume sur la Terre du Milieu, après la submersion de Númenor. Sur la rive méridionale du lac, il bâtit Annúminas, la cité des tours blanches, dont les flèches se reflétaient dans les eaux d'argent. Les chants des marins númenóréens résonnaient encore sous les voûtes du ciel, et la lumière des étoiles s'unissait à celle des lampes des Dúnedain : car nul lieu du Nord n'égala jamais la splendeur tranquille de Nenuial.
Autour du lac s'étendaient des forêts de chênes et de frênes, et les ruisseaux descendaient des collines d'Evendim pour s'y mêler, murmurant à travers les fougères et les pierres moussues. Au matin, la brume s'élevait des eaux en volutes argentées, et la cité paraissait flotter sur un océan de nuages. Les Elfes du Lindon venaient parfois visiter ces rivages, car ils disaient que dans la profondeur du lac se reflétait encore une part de la lumière de Valinor, oubliée par les siècles.
Mais à mesure que les années passaient, et que la grandeur d'Arnor croissait, Nenuial demeura un lieu de silence et de recueillement. Les rois d'Elendil venaient y méditer dans le soir, écoutant le souffle du vent sur les eaux, comme s'ils espéraient y entendre la voix lointaine de la mer perdue. Et quand la nuit tombait, les flots du lac luisaient d'un éclat pâle, plus doux que la lumière de la lune ; un éclat qui semblait venir non du ciel, mais du fond du monde.
On dit que, dans les jours de paix, les cygnes glissaient en silence sur la surface, et que leurs ailes effleuraient le reflet des étoiles. Car à Evendim, la nature elle-même se souvenait encore des premiers chants des Ainur : tout y respirait une harmonie d'avant la chute, une clarté que nul royaume des Hommes ne connut plus jamais.
Lorsque vint le temps des guerres et de la division des royaumes, le lac demeura, immobile et fidèle. Les cités pouvaient tomber, les royaumes s'éteindre, mais les Eaux du Crépuscule continuaient de refléter les cieux changeants ; gardiennes muettes de la mémoire d'Elendil et de la beauté des anciens jours.