Fendeval (Rivendell, Imladris)

Terre du Milieu.

Au Troisième Âge du Monde, au creux des montagnes du Nord, là où les parois s'écartent pour laisser place à la lumière, s'étend Fendeval, le vallon d'Elrond, que les Elfes appellent Imladris, « le vallon profond de la faille ». On y parvient par des sentiers étroits, gardés par le bruit des eaux et le souffle du vent. De loin, on n'en voit rien : seulement la cime des pins et la lueur des cascades qui descendent des hauteurs. Mais dès que l'on franchit les derniers rochers, le pays s'ouvre soudain, et la vue se déploie sur un refuge de paix et de verdure, baigné d'une lumière douce qui semble étrangère au temps.

Le Bruinen, vif et pur, coule à travers la vallée. Ses eaux bondissent sur les pierres, puis s'apaisent en un chant limpide qui emplit tout le vallon d'une musique douce et grave. Les forêts qui bordent ses rives mêlent pins et hêtres, et leurs ombres se prolongent sur les pentes argentées. À l'aube, la brume s'élève lentement du sol, drapant les collines d'un voile pâle ; on dirait alors que Fendeval flotte entre ciel et terre, suspendue hors du temps.

C'est là qu'Elrond, fils d'Eärendil, a bâti sa demeure, lorsque le monde était encore jeune. Sa maison n'est pas un palais, mais un havre. Les murs s'ouvrent sur les jardins et les cascades, et l'air y sent la résine et la pierre humide. Des lampes y brûlent toujours, non pour dissiper l'ombre, mais pour rappeler la lumière de l'Ouest. On y entend les voix des Elfes, lentes et claires, tissant les récits des Âges passés, et le bruissement des feuilles semble répondre à leur chant.

Ceux qui franchissent les seuils de Fendeval sentent le poids de leurs peines s'alléger. Car ici, le temps se repose, et la douleur du monde paraît lointaine. Pourtant, une mélancolie demeure : celle du départ inévitable, du lent effacement des Elfes et de leur beauté. Dans le soir, lorsque le soleil descend derrière les montagnes, la vallée se couvre d'une lumière dorée qui s'efface peu à peu dans la brume. Et il semble alors que tout Fendeval soupire, comme si le vallon lui-même se souvenait des jours d'avant la chute de Númenor.