Ent (Onodrim) de la forêt de Fangorn
Terre du Milieu.
Au Troisième Âge du Monde, au pied des Monts Brumeux, là où les pentes grises se perdent dans la brume et où le vent se tait, s'étend la Forêt de Fangorn, plus ancienne que les royaumes des Hommes et plus sombre que les souvenirs des Elfes. C'est un monde de racines profondes et de troncs immenses, où la lumière du jour pénètre à peine, filtrée par des feuillages denses et des branches noueuses. Dans ce lieu immobile, où chaque arbre semble respirer, vivent encore les Ents, les Gardiens des Arbres, que les Eldar appelaient Onodrim.
Nés au Premier Âge, à l'appel de Yavanna Kementári, les Ents furent les gardiens des forêts, chargés de protéger les choses qui croissent et se tiennent droites sous le ciel. Leur taille est celle des arbres qu'ils chérissent, et leurs yeux reflètent la profondeur des forêts anciennes. Leur peau est semblable à l'écorce, rugueuse et forte, mais traversée de la lente sève de la vie. Leur voix est profonde, grave comme le tonnerre qui résonne dans les montagnes, et leurs mots roulent lentement, pleins de sagesse et de mémoire.
Ils ne se pressent jamais, car le temps, pour eux, n'a pas la même mesure. Les saisons passent sur leurs épaules comme le vent sur la plaine, et ils se souviennent des âges où les montagnes étaient jeunes et les fleuves à peine nés. Sous leurs pas, le sol frémit, et les oiseaux s'envolent en silence, car même les bêtes sentent la grandeur endormie de ces êtres.
Le plus ancien d'entre eux est Barbe-en-Bois, qu'on nomme en langue elfique Fangorn. Ses pensées vont loin dans le passé, vers les jours où les Ents et les Ent-femmes marchaient ensemble dans les vallées de l'Ouest. Mais les Ent-femmes ont disparu, et nul ne sait si elles vivent encore. Depuis lors, la tristesse s'est glissée dans les chants des Ents, comme un vent d'automne entre les branches, et leurs longues palabres s'achèvent souvent dans le silence et la nostalgie.
Pourtant, quand la colère s'éveille en eux, leur puissance est terrible. Les arbres eux-mêmes se lèvent alors, et la forêt entière semble se mouvoir. Car Fangorn n'est pas un bois endormi : c'est un royaume vivant, ancien et vigilant. Et ceux qui ont vu marcher les Ents à la guerre racontent qu'ils étaient semblables à une tempête de pierre et de chêne, irrésistible et lente comme le destin.
Mais lorsque la paix revient, ils reprennent leur lente garde. Leur pas retombe dans la mousse, leurs paroles s'allongent en murmures, et la forêt se referme autour d'eux. Car leur cœur appartient aux arbres, et leur souffle au vent. Et tant que Fangorn subsistera sous le ciel, le souvenir des premiers jours d'Arda ne sera pas entièrement perdu.