Cours Argentine et forêt de la Lórien

Terre du Milieu.

Au Troisième Âge du Monde, au Nord de la Lórien, là où les ruisseaux clairs descendent des contreforts des Monts Brumeux, coule un bras du Celebrant que les Elfes nomment le Cours Argentine, à cause de la lumière d'argent qui s'y répand à l'aube et se mêle au doré des arbres. Ses eaux lentes et profondes serpentent entre des rives de mousse et de fougères, effleurant les racines des grands mallorn dont les feuilles, même en automne, gardent un éclat d'or ancien. Leur ombre se reflète dans la surface tranquille, et lorsque le vent s'y glisse, on dirait que les arbres eux-mêmes se penchent pour contempler leur propre lumière.

Au matin, la brume flotte encore sur les berges, tissant un voile de perles entre les troncs. Le Soleil, en perçant, fait étinceler chaque goutte suspendue aux branches, et l'air s'emplit d'une clarté presque irréelle. Les chants des oiseaux elfiques, doux et lents, s'élèvent à travers la forêt, se mêlant au murmure de l'eau qui glisse sur les pierres. Nulle feuille morte ne tombe ici sans que le vent ne la reprenne, car tout dans ce lieu semble animé d'une attention silencieuse, comme si la forêt entière retenait son souffle.

Quand vient le soir, le Cours Argentine devient un miroir du ciel. Les reflets des feuillages dorés se mêlent aux premières étoiles, et la rivière paraît brûler d'une lumière intérieure. Des silhouettes élfiques passent parfois entre les arbres, leurs pas légers ne laissant aucune trace sur la berge. On entend alors une harpe lointaine, et le frisson des branches répond à la musique comme un souffle de mémoire.

Les sages disent que dans les eaux du Cours Argentine dort encore l'écho de la lumière d'Aman, venue jadis avec Galadriel, la Dame de la Forêt. Ainsi, même lorsque les âges s'assombrissent et que les royaumes des Hommes s'étendent au loin, la Lórien demeure un fragment de l'Ouest perdu, suspendu hors du temps. Et quiconque contemple le reflet du bois sur ces eaux comprend que ce n'est pas seulement la forêt qui se mire, mais tout un souvenir du monde avant la déchéance.

Photo : Cours Argentine et forêt de la Lórien, Terre du Milieu.