Contreforts Nord de la Lórien

Terre du Milieu.

Au Troisième Âge du Monde, au Nord de la Lórien, là où la lumière du bois d'or commence à pâlir sous les vents des montagnes, s'étendent les contreforts septentrionaux du royaume elfique. C'est un pays de collines douces et de vallons secrets, où les arbres se clairsement et où les premières neiges de la fin d'hiver s'attardent sur les herbes hautes. Là, les grands mallorn cèdent la place aux hêtres et aux pins argentés, et le murmure du Celebrant s'éloigne, remplacé par le souffle libre du Nord.

Le voyageur qui vient de la plaine d'Anduin perçoit déjà la différence dans l'air : une clarté subtile, un parfum mêlé de miel et de feuilles anciennes, et une paix si profonde que même le cri d'un oiseau y paraît adouci. Les brumes du matin s'y enroulent autour des troncs, tissant entre les branches un voile mouvant où la lumière du Soleil se brise en mille éclats dorés. Le jour, tout y semble suspendu — ni tout à fait réel, ni tout à fait rêve — comme si la frontière entre les mondes s'amenuisait.

Mais la nuit venue, la forêt change de voix. Le vent qui descend des montagnes y porte un chant grave, ancien comme les jours du Premier Âge. Les Elfes du Nord de la Lórien, peu nombreux mais vigilants, veillent encore sous les branches argentées : ils sont les gardiens de ce seuil, là où le mal de Dol Guldur jetait jadis son ombre sur les rives du fleuve. Leurs yeux, disait-on, voyaient plus loin que la lumière du jour, et leurs oreilles percevaient les pas des étrangers bien avant qu'ils n'atteignent les sentiers cachés.

Au printemps, les fleurs sauvages colorent les pentes (digitales pourpres, anémones et primevères blanches...), mais nul ne les cueille. Car chaque chose, ici, appartient à la mémoire du bois : même la moindre herbe semble avoir un nom ancien, murmuré par la langue des Eldar. Et lorsque la lune se lève sur les collines, le pays entier paraît baigné d'une clarté d'argent, si douce qu'on en oublierait le temps.

Peu d'Hommes ont foulé ces terres. Les Dúnedain du Nord, jadis, les connaissaient et les respectaient, car ils savaient qu'au-delà de ces pentes commençait un royaume qui n'était pas du leur. Et aujourd'hui encore, les vents qui descendent du Nord emportent parfois un parfum de la terre dorée, mêlé à un écho de chant ; celui des Elfes de Galadriel, dont la voix, dit-on, flotte encore entre les arbres, comme un dernier éclat de lumière avant la fin du Troisième Âge.

Photo : Contreforts Nord de la Lórien, Terre du Milieu.