Mordor

Terre du Milieu.

Au Troisième Âge du Monde, au-delà des montagnes, là où la lumière se tait et où les vents du Sud perdent leur souffle, s'étend le Mordor, « la Terre de l'Ombre ». Cerné par des remparts de pierre, le pays du Feu et de la Cendre repose sous un ciel sans couleur, toujours voilé d'une lueur crépusculaire. Nulle chanson ne s'élève dans ces vallées, nulle herbe ne perce la terre brûlée : seules les scories, les cendres et les pierres fendent le silence.

À l'ouest se dressent les Montagnes de l'Ombre (Ephel Dúath), sombres et farouches, gardiennes d'un royaume maudit. Leurs pentes, hérissées d'aiguilles de basalte, paraissent forgées dans la nuit même, et leur cime retient les nuages lourds comme des voiles de suie. De l'autre côté, au Nord, s'étirent les Monts de Cendre (Ered Lithui), dont les flancs rougis veillent sur les plaines désertes d'Udûn. Entre ces murailles s'étend le cœur du pays : Gorgoroth, la terre nue et stérile, où se dresse le Mont Destin (Orodruin).

De sa cime ouverte s'échappent sans fin la fumée et la flamme. Le vent, chargé de cendre, roule sur les plaines comme une mer noire. Chaque souffle semble porter le souvenir d'un feu ancien, celui qui dévora jadis les cieux sous le regard de Sauron. La montagne gronde par instants, et dans les nuits rouges, on dirait qu'elle parle, appelant les serviteurs de l'Ombre à se rassembler.

Au Sud, vers les plaines de Nurn, le sol s'adoucit quelque peu. Là, les esclaves de la volonté noire font fructifier, dans la sueur et la peur, quelques champs encore fertiles. Leur labeur nourrit les armées du Mordor, et leurs chants, s'il en est, ne montent jamais plus haut que le murmure du vent sur la terre brûlante.

Le Mordor n'est pas un simple pays, mais une volonté devenue matière, un royaume né de la haine et du feu. Même les montagnes semblent s'y courber, comme si la pierre elle-même craignait la présence de celui qui s'y est retranché. Et pourtant, dans les lointains de brume, à l'heure où le soleil meurt, il arrive que la lumière d'ouest glisse un instant sur les cimes. Alors, même la terre du désespoir paraît hésiter, et l'ombre tremble sous la mémoire du jour.