Collines d'Evendim

Terre du Milieu.

Au Troisième Âge du Monde, au Nord-ouest de la Comté, au-delà des plaines d'Arnor effacées, s'étendaient les Collines d'Evendim, douces et silencieuses, baignées d'une lumière pâle qui venait du grand lac voisin. Là où jadis s'élevaient les tours d'Annúminas, capitale des Rois du Nord, la pierre s'était effondrée depuis longtemps, et les chemins pavés dormaient sous la mousse. La gloire passée n'y survivait plus que dans le murmure du vent et dans les échos que renvoyaient les vallons à demi boisés.

Avec les siècles, la nature avait repris ce que les Dúnedain avaient bâti. Des forêts de pins s'étaient avancées depuis les hauteurs, et dans les creux abrités, les hêtres dressaient leurs fûts gris, lisses comme du marbre. L'air y portait un parfum de résine et de feuilles sèches, et l'on entendait, au loin, le cri des geais et le roulement des torrents descendant vers le Lac Evendim, que les anciens appelaient Nenuial, les Eaux du Crépuscule. Quand le soir tombait, le lac s'embrasait d'une lueur dorée, et les collines se teintaient d'ambre et de cuivre, comme si la terre elle-même se souvenait du royaume perdu.

À l'automne, les brumes montaient des vallées, serpentant entre les arbres, et les collines semblaient flotter sur un océan de vapeurs. Alors, tout paraissait immobile : seuls les pins chuchotaient dans la hauteur, et les hêtres laissaient choir leurs dernières feuilles d'argent. Dans ce silence, on pouvait croire que la terre rêvait encore d'Elendil, son roi disparu, dont l'ombre, disait-on, hantait parfois les rivages de Nenuial lorsque le vent venait de l'Ouest.

Les rares voyageurs qui s'aventuraient jusque-là trouvaient un monde redevenu sauvage, mais non hostile. Car si la grandeur des Hommes s'était éteinte, une autre paix avait germé sur ses ruines ; une paix d'herbes, d'eau et de vent. Et sous la lumière changeante du couchant, les Collines d'Evendim semblaient veiller sur le repos du Nord : un sanctuaire de mémoire et de silence, où le temps lui-même avançait à pas feutrés.